dimanche 13 juillet 2008

Tu ne m'aimes plus, mais ça fait rien

Impression étrange d'être là en clandestine. Tes mots, qui m'émeuvent, presque malgré moi parfois. La video de Belle and Sebastian, je te l'emprunte, voleuse encore, j'ai l'impression... L'insincérité ne produit que de l'insignifiance disait André Gide. Peut-être que si je mets discrètement mon coeur sur la table (quoiqu'à portée des dents d'autrui, ce ne soit pas follement rassurant) ça ira mieux.

Je ne sais pas trop. Me retrouver face à un blog totalement vierge me ramène deux ans en arrière, lorsque j'ai ouvert mustardseed. J'y ai fait mon nid, il doit y avoir environ deux cent commentaires dessus, des vieux et des récents, des aimants et des mal aimants qui répondent à des époques aujourd'hui révolues. C'est comme ces vieilles lettres qu'on retrouve parfois et sur lesquelles on bute un moment, en se demandant quand elles ont été écrites et en se souvenant. Vieilles lettres de la seconde, trampolline, sucreries, flirts, papillons dans l'estomac, angoisses et rêveries, le bon vieux temps de maintenant, dans combien de temps maintenant sera-t-il le bon vieux temps pour moi? L'époque où j'étais amoureuse tout le temps, où on se souvenait d'Etretat comme d'un jour particulier où quelque chose subreptiscement avait commencé. L'époque où j'étais son corbeau des tempêtes, on se demande vraiment parfois comment on a pu être amoureux ou penser l'être d'une personne si différente de ce qu'on croyait. Je redeviens confuse, c'était la belle époque quand même, où je faisais semblant d'avoir peur au cinéma pour qu'il me prenne la main. L'époque où je trainais mon premier amoureux de lycée voir Brockeback Mountain. L'époque où j'étais encore relativement enfantine, relativement confiante, relativement joyeuse, quoique déjà insupportable. Après la machine à remonter le temps s'enraye, il y a comme un grain de sable dedans, les premières disputes, l'étouffement, les conversations sur les bottes qui m'insupportaient, les complications, les séparations, le séjour en Angleterre où j'ai inauguré une nouvelle, douloureuse et longue période durant laquelle la notion de ridicule est devenu très relative pour ses beaux yeux (quelle expression stupide.) Première fois que j'ai couru derrière quelqu'un pour attraper le même wagon et quelques sales quarts d'heure avec lui. Première fois que j'écoute béatement l'exposé le plus emmerdant qui soit en me disant simplement, profite, profite. Premières gorgées de rhum framboise, première partie de bowling presque gagnée, première émotion vraiment violente qui ressemble vaguement à de l'Affection. J'arrive même pas à dire le mot, l'amûr, l'amooour, trop dur à dire sans se sentir minable. Remontée des moleskines et des souvenirs, remarques sur les lumières, les librairies de Londres, la pièce de théâtre qu'il m'a traduite à l'oreille en parlant deux fois trop fort, ses ridicules, les miens, Lauren et moi courant dans les couloirs du British Museum, sous les yeux furieux d'une Anglaise intraitable, cartes postales échangées, les Adrien qui sont méchants, rires et bêtises sur le bateau, Lauren moqueuse, Lauren folle de sa corress, semaine en Angleterre qui m'en a donné le goût et m'a décidée à tenter d'y vivre. Première fois que j'ai un léger mal de coeur qui ressemble au mal de mer (et j'espère que je n'ai pas perdu mon merveilleux pied marin). L'année et demie qui a suivi, les mails, les textos, les lettres, les livres dans la boîte au lettre, les promenades dans Paris, les espoirs et les errements vains. Les disputes, les lassitudes, les retrouvailles souvent à la cantine en fin de repas, lorsque tout le monde déserte, les petites heures de CDI, les romans russes, les sorties, les soirées, les chocolatines de Lauren, Facebook, les perfects boys, les concerts de Geneviève, les crêpes parties, ....Jane Austen, le bac, la gaieté, les promenades au musée, l'Armada... Et on a encore tellement à faire, tellement.

1 commentaire:

Julie a dit…

J'ai quelque chose d'important à dire, mais pas ici, pas maintenant, parce qu'il faut attendre encore un peu pour que je sache ce que c'est vraiment. Ca viendra, très bientôt. Sache juste que je ne t'oublie pas, et que si le reste est encore bien flou, je devine en quoi ça se muera bientôt, et que ça n'est pas si triste.